Millefeuilles

A partir du poème d'Arthur Rimbaud, le bateau ivre

Comme je descendais des Fleuves impassibles,
Je ne me sentis plus guidé par les haleurs :
Des Peaux-Rouges criards les avaient pris pour cibles,
Les ayant cloués nus aux poteaux de couleurs.

J'étais insoucieux de tous les équipages,
Porteur de blés flamands ou de cotons anglais.
Quand avec mes haleurs ont fini ces tapages,
Les Fleuves m'ont laissé descendre où je voulais.

Dans les clapotements furieux des marées,
Moi, l'autre hiver, plus sourd que les cerveaux d'enfants,
Je courus ! Et les Péninsules démarrées
N'ont pas subi tohu-bohus plus triomphants.

La tempête a béni mes éveils maritimes.
Plus léger qu'un bouchon j'ai dansé sur les flots
Qu'on appelle rouleurs éternels de victimes,
Dix nuits, sans regretter l'oeil niais des falots !

Plus douce qu'aux enfants la chair des pommes sûres,
L'eau verte pénétra ma coque de sapin
Et des taches de vins bleus et des vomissures
Me lava, dispersant gouvernail et grappin.

Nous avons remplacé les noms par leur synonyme. Voici le résultat obtenu :

Comme je descendais des Fois importées,
Je ne me sentis plus haricot par les herbes :
Des Pelles-Ruines criardes les avaient pris pour cintres,
Les ayant coincées nues aux pendentifs de couplets.

J'étais instituteur de tous les ermites,
Possédé de boissons flamandes ou de couleurs anglaises.
Quand avec mes herbes ont fini ces tasses,
Les Fois m'ont laissé désirer où je voulais.

Dans les clôtures furieuses des marques,
Moi, l'autre honte, plus souvent que les chandeliers d'enflés,
Je courus ! Et les Percées denses
N'ont pas subi tombé-bords plus trompettes.

La tente a béni mes évolutions masculines.
Plus léger qu'un bouillon j'ai dansé sur les foisons
Qu'on appelle ruines éternelles de vierges ,
Dix objectifs, sans regretter l'ombrage nocif des fanatiques !

Plus douce qu'aux enflés le chandail des portées suspectes,
L'écarté vert pénétra ma corne de saucisson
Et des talus de vis-à-vis bons et des voyous
Me lava, dispersant gratitude et gravier.