Nouvelle policière
Petite déficience et grandes conséquences
Il ne se passait jamais rien rue des Bonshommes ; peut-être parce
qu’ils se disaient « bons » et qu’ils y croyaient.
On s’y ennuyait ferme d’ailleurs, jusqu’au soir de Noël où l’abbé fut
retrouvé nu, ligoté au pied de l’autel, la soutane parfaitement pliée
sur les parties génitales.
La brigade voisine intervint immédiatement, c'est-à-dire après
quelques « canons » au bar du « bon accueil « : il fallait bien se
remettre du choc émotionnel.
Après les formalités d’usage à savoir
-sécuriser le quartier
-éloigner, repousser les curieux
-apprécier la raideur cadavérique
-évaluer l’heure du décès,
Il fallut bien aborder les choses sérieuses, retirer la soutane et
découvrir l’impensable. Contrairement à l’horreur imaginée ils ne
constatèrent qu’un sexe peint en vert et deux testicules décorées
comme des boules de Noël.
La farce, bien que cruelle n’était donc pas la cause de la mort mais
plutôt une signature.
L’enquête allait s’avérer délicate. La brigade commençait à s’agiter.
Avons-nous affaire à un crime sexuel ? à une guerre des religions ? à
un serial mystique killer ?
Dans les foyers on ne s’ennuyait plus :on rigolait plutôt bien…jusqu’au
lendemain où :
Le banquier fut retrouvé nu, ligoté au pied du distributeur à billets,
la veste soigneusement pliée sur les parties génitales.
Même brigade, même bar du « bon accueil » même formalités d’usage,
même découverte gênante, mêmes couleurs, mêmes arrangements
morbido colorés.
Les habitants commençaient à rire jaune. La brigade s’affolait, aucun
indice utilisable, aucun mobile, aucun suspect potentiel.
Puis ce fut le tour du receveur des impôts, du directeur d’école.
La brigade interrogea tout le quartier, prospecta dans le passé des
victimes, harcela en vrac :
-le groupe MLF local
-les habitués de la mosquée
-les amis du Rabin
-le bedeau, les enfants de chœur
-les pensionnaires de la maison de passe et leurs clients
-les bonnes sœurs, lesbiennes ou pas.
Mais rien ne ressortait.
Dans les foyers, les femmes cachaient leurs maris, les vieilles
couvaient leurs fistons.
Seuls les enfants continuaient à jouer sur la place, qu’il pleuve, qu’il
vente ou qu’il fasse beau jusqu’au jour où ils l’aperçurent, lui : celui
qu’on ne regardait pas : le gogol !!
Il avait franchi les limites du supportable, Il avait « pêté un plomb »
comme on dit vulgairement. Il n’en pouvait tellement plus des
donneurs de leçons, des conseils et des bonnes paroles.
Il ne pouvait pas faire mieux, pas mieux gérer ses quatre sous, pas
mieux apprendre, pas mieux penser…Il était arrivé au bout.
Avant de tâter de la corde de pendu, il avait décidé de leur donner
une leçon, lui, l’idiot du quartier.
Il le retrouvèrent, nu, pendu, une pancarte sur les
testicules : « Joyeux Noël les cons ! »
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